Comment la gauche a fait le lit du Front National.

Publié le par Mandrin

Comment s’est fait le lit du Front National ? Un lit à deux place, maintenant que Mégret et Le Pen Senior ne font plus chambre à part ; mais, à ce qu’il parait, Le Pen tirerait à lui toute la couette ! De Villiers, de son côté, doit  continuer d’occuper ce qu’il lui reste de terrain médiatique, en attendant que Le Pen père passe la main. Après quoi, il espère pouvoir damer le pion à la fille. Celui qui a le plus brouillé les pistes est sans doute Nicolas S. : aura-t-il coupé l’herbe sous les pieds du FN ? ou bien – comme cela semble se confirmer – lui aura-t-il apporté la légitimité idéologique qui lui fit si longtemps défaut ?

 L’air du temps veut que l’on incrimine le Ministre de l’Intérieur. En effet, l’on n’a pas tort de penser que sa stratégie élective, loin de détourner de l’extrême-droite nombres des mécontents qui ont réellement déterminé la France politique de 2002-2007, en a crédibilisé les thèmes.

 Mais, considérant que la lutte contre les extrêmes relève d’un enjeu supérieur à la bagarre politico-politicienne, ici, « polémiquons-utile » : l’attitude de Nicolas Sarkozy ces dernières années peut-elle vraiment être l’explication de la croissance de l’électorat frontiste depuis 25 ans ?

 La réponse est dans la question, certes. Sans perdre de vue la responsabilité d’un programme soviétique de droite pris entre le kärcher et le radar, développons alors. D’une part, qu’est-ce qui nous est longtemps parvenu de « l’attitude de Nicolas Sarkozy » ? Je vous parle d’un temps, encore récent, où l’UMP ne tournait pas encore ses propres images pour les communiquer ensuite à la presse. D’autre part, l’ascension de notre Arturo Ui national était-elle « résistible » ?

 L’image du Petit Nicolas teigneux et facho, loin de l’intéressé l’idée de la construire ! D’où nous viendrait-elle alors ? De nos médias à plus de 80 % à gauche… ? Décidément, ce n’est pas amusant de jouer aux devinettes avec moi, et je m’en excuse. Je ne peux m’empêcher de mêler les arguments de réponse aux interrogations.

 Souvenez-vous, « la racaille » : « Vous en avez assez de cette racaille ? Ben on va vous en débarrasser… » Suivaient des images des jeunes des banlieues pavoisant devant les caméras, puis des plans d’ensemble de cités. Le subliminal avait fait son ouvrage. Nous étions dès lors persuadés que note Ministre faisait l’amalgame et qu’il entendait s’en prendre aux habitants des cités-dortoirs. Pourtant, les images n’ont jamais été tournées dans cet ordre, et ces mots passés en boucle sur tous les canaux d’information n’étaient pas le message politique d’un Ministre en visite tel que cela avait pu le paraître. Voici le « Arrêt sur images » qui a suivi cette affaires médiatique. Il semble passé inaperçu. La déontologie des médias hexagonaux n’a rien à envier à Fox News.

 Voyez par vous-mêmes : http://www.dailymotion.com/video/xqyrv_racaille-de-sarkozy-la-verite

 Posons-nous ensuite la question de la croissance de l’électorat frontiste. N’est-elle pas d’abord le résultat du pourrissement d’un enjeu délaissé par les partis majoritaires parce que « trop sales » : la régulation de l’immigration. Je me souviendrai toujours de cet élément « d’analyse du discours » que nous avait un jour communiqué un professeur de Relations Internationales : il existe trois expression pour un même objet politique. Le choix du mot révèle le degré de pourrissement de ce qu’il caractérise. Degré 1 : « l’enjeu » ; degré 2 : « la question » ; degré 3 : « le problème ». Il semble que parce que nous n’avons pas su aborder l’enjeu de l’immigration, il soit demeuré pour nous une question, avant que de s’affirmer désormais indiscutablement comme un problème.

 Je peine à penser pour ma part que l’immigration soit un problème. Le véritable problème français, c’est l’insertion. Si l’immigrant n’est pas « caucasien », son origine risquera de lui causer des difficultés supplémentaires de taille dans sa quête d’ascension sociale.

 Suite à l’arrivée d’Harry Roselmack pour jouer la doublure de PPDA, l’on s’est remis à chanté la mélopée aux USA : « ils ont 40 ans d’avance sur nous ! ». Ils sont comme cela les Français : ça brûle et ça encense presque d’une même voix, mais cela fait toujours des écrans de fumée ! Mais la France et les Etats-Unis se renvoient leurs réussite et leurs échecs en chiasmes. En effet, si les minorités sont beaucoup plus présentes dans les sphères sociales dominantes et dirigeantes aux USA qu’elles ne le sont en France, à l’inverse, « l’endogamie raciale » est un phénomène particulièrement marqué outre-atlantique comparé au Vieux Continent.

 Le projet politique défini aujourd’hui pour répondre au « problème » de l’immigration est révélateur de cette incapacité française à l’insertion : on parle désormais d’ « immigration choisie ». A défaut d’intégrer les immigrés, nous allons tenter de reconnaître ceux des candidats qui en auraient déjà le potentiel. A l’aise, Blaise !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Détente

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C
Comment ne pas voir une (certaine) collusion entre les idées d'extrême droite et celles de la gauche souveraino-nationalo-populiste et le PS entérine, avec ses alliances internes et externes (Chevènement...) cette dérive..<br /> Catherine, blog "l'Europe dans la campagne"<br /> http://catymi.blog.lemonde.fr/<br />  
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M
Difficile de voir cette collusion tant qu'on a résumé l'extrême-droite au racisme et au drapeau tricolore comme programme. Pourtant, en effet, une jonction semble se faire, avec pour point de départ le dérapage populiste qui en appelle "aux petits" contre "le système" (ou "establishment" dans le lexique lepéniste). Attention donc, Monsieur Hollande, vouloir être solidaire, ce n'est pas pour autant aboutir à "je n'aime pas les riches!".